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Conférence du 4 Novembre 2025 AGNÈS BUZYN

 

 

 

Compte rendu de la Conférence du 4 Novembre 2025 : AGNÈS BUZYN

La salle Olivier à Plérin était quasi comble ce 4 novembre 2025, un succès indéniable pour l’UTL Sud Goëlo. Inviter une personnalité aussi éminente qu’Agnès Buzyn représentait un défi de taille, relevé avec brio par Dominique Boscher, président de l’UTL. Le ton fut donné dès l’introduction, avec une citation d’Albert Camus : « On croit difficilement aux fléaux lorsqu’ils vous tombent sur la tête », en référence au livre présenté par Agnès Buzyn : « Janvier-Juin 2020. Ou Agnès, tu as fait peur au Président ». La conférence, structurée en trois parties sous forme de questions-réponses, a captivé l’audience.

Première partie : Présentation et remerciements

Dominique Boscher a remercié Agnès Buzyn d’avoir accepté notre invitation. Née en 1962 de parents médecins, mariée à un médecin et mère d’un fils médecin, elle est diplômée de l’Université Paris-Descartes. Hématologue et professeure-chercheuse à l’Université Paris Descartes et à l’hôpital Necker, elle a occupé plusieurs postes clés dans des institutions publiques liées à la santé et au nucléaire : présidente du Conseil d’administration de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (2008-2013), membre du Comité de l’énergie atomique, vice-présidente puis présidente de l’Institut National du Cancer (2011-2016), et présidente du collège dirigeant la Haute Autorité de Santé (2016-2017). Elle a également servi bénévolement à l’hôpital militaire de Percy pendant deux mois durant la crise du COVID-19.

Pourquoi ce livre ?

Agnès Buzyn a expliqué : Je détestais écrire, étant scientifique plutôt que littéraire. Mais, accusée par la presse de n’avoir rien vu ni rien fait pendant le COVID, j’ai craint que mes enfants ne connaissent jamais la vérité si je mourais du virus. J’ai donc rassemblé tous les textos et mails échangés avec le Président de la République et le Premier Ministre, jour après jour, pendant trois mois, sans intention initiale de les publier. Lorsque la justice a perquisitionné mon domicile et que des extraits de ce journal ont été publiés dans la presse, j’ai décidé de rendre public ce témoignage.

Chronologie des événements

Nommée ministre un mardi en 2017, elle s’est rendue le lendemain à Berlin, où Angela Merkel avait réuni les ministres de la santé pour simuler la gestion d’un virus inconnu en provenance des pays de l’Est. En 2020, la tension était palpable dans le système de santé. Malgré ses alertes, personne ne l’a crue le 11 janvier, lorsque le virus a été identifié à Wuhan. La nuit du 24 au 25 janvier, elle a alerté le Président de la République. Lors du Conseil des ministres de fin janvier, son avertissement est resté sans écho. Pendant une sortie au cinéma avec son mari, le Président l’a appelée pour un échange de 40 minutes sur le « tsunami pandémique » à venir. À l’époque, le Président n’avait pas de conseiller santé, ce qui l’a conduite à s’adresser directement au Premier Ministre, avec qui elle entretenait des relations amicales.

Départ du ministère

Lors du Conseil des ministres de début février, une réunion de crise a eu lieu pour remplacer Benjamin Griveaux aux municipales de Paris. Agnès Buzyn, désignée volontaire, a dû quitter son ministère à contrecœur, malgré les préparatifs qu’elle avait mis en place pour affronter la crise. Elle a été remplacée par Olivier Véran. Malgré ses efforts, les syndicats de médecins ne l’ont pas crue, la jugeant trop pessimiste, comme Roselyne Bachelot l’avait été avec la grippe H1N1.

Reconnaissance du COVID-19

Le 16 mars 2020, date du confinement, le COVID-19 a enfin été reconnu. Agnès Buzyn est revenue à l’hôpital de Percy après les élections municipales de Paris. Elle a assisté, terrifiée, à l’engouement pour Didier Raoult, soutenu par le gouvernement et même le Président de la République. Mise en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui », elle a vécu une descente aux enfers : menaces verbales, insultes dans la presse, et attaques physiques. Sous protection policière, elle a évoqué les élections municipales de Paris. Son utilisation du mot
« mascarade » dans *Le Monde* lui a coûté cher.

Aujourd’hui

Un non-lieu a été prononcé. Agnès Buzyn regrette d’avoir quitté le ministère de la Santé, mais souligne que les Français ont fait preuve de solidarité. Elle insiste sur la nécessité de se préparer aux multicrises à venir et de ne pas tout attendre de l’État. Dominique Boscher a conclu avec une citation d’un philosophe allemand : « Toute vérité franchit trois étapes : elle est ridiculisée, subit une forte opposition, puis est considérée comme une évidence. »

Débat et questions

Trois idées essentielles ont émergé : la médecine de ville réduit les soins à l’hôpital, et l’intelligence artificielle aura un impact extrêmement bénéfique sur la santé de demain, il faut réorganiser notre système de santé. Agnès Buzyn a annoncé la sortie de son second livre, « Demain, notre santé », le 7 novembre, qui fera certainement l’objet d’une conférence lors de la prochaine saison.

Clôture

Agnès Buzyn a dédicacé son ouvrage à de nombreux lecteurs. Un grand merci à la librairie Le Tagarin d’Étables-sur-Mer pour son soutien.