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sortie à la journée Saint-Brieuc

Sortie UTL-Sud Goélo : Une journée à Saint Brieuc « de la Belle Epoque à l’Art déco », le 21 Janvier 2025

 

 

Dominique Choplin avait proposé, ce 21 janvier, aux membres de l’UTL Sud Goélo de découvrir en groupe, un aspect de l’architecture de St Brieuc très différent du centre historique conseillé par les guides touristiques habituels. Nous étions une trentaine d’adhérents a avoir répondu à l’invitation par une froide journée de janvier.

 Car, du Second Empire à l'entre-deux-guerres, Saint-Brieuc change de visage. L'arrivée du train et l'industrialisation font de Saint-Brieuc une ville plus moderne. Entre immeubles haussmanniens et décors Art déco aux matériaux d'avant garde, nous étions invités à parcourir l'histoire briochine et découvrir  avec notre guide-conférencière  les pépites du « Saint-Brieuc nouveau », tout d’abord en déambulant dans le cœur de la ville, puis à travers la visite de l’ancien grand séminaire devenu  la Maison St Yves, nouveau siège de l’Evêché de St Brieuc-Tréguier depuis une rénovation terminée en 2017.

 Le circuit de visite nous a emmenés successivement devant différents monuments et immeubles dont les façades sont représentatives de cette belle époque. Notre circuit n’ira pas jusqu’à la Gare SNCF, dont notre guide rappelle l’histoire : inauguré pour l’arrivée du train de Paris en Bretagne en 1863, cet édifice classique fut remplacé par une gare Art Déco en 1931, (primée en 2022  2ème plus belle gare de France derrière celle de Limoges).

 Partant de l’Office de tourisme, nous nous arrêterons devant :

-          la Caisse d’Epargne, qui date de 1909 d’après les dessins de Georges-Robert Lefort (1875 – 1954), architecte municipal à Guingamp qui sera aussi le concepteur en 1925 du Grand Séminaire, future Maison St Yves que nous visiterons l’après-midi.

-          Le Théâtre municipal de la Place de la Résistance qui héberge la Scène Nationale de La Passerelle, et abrite 3 salles : le petit théâtre à l’italienne (250 places) flanqué sur la gauche du Théâtre Louis Guilloux (1 000 places),  et la Bobine (170 places). Le théâtre à l’italienne a été reconstruit en 1883,  après la destruction par incendie en 1875 du précédent édifice qui datait du début du siècle. Il est l’œuvre d’Alexandre Angier, architecte municipal, dans la veine des nouveaux théâtres de l’époque comme l’Opéra Garnier. D’ailleurs les décorateurs mandatés avaient déjà travaillé pour l’Opéra de Paris. Le bâtiment présente une élégante façade néo-classique divisée en trois parties verticales animées de colonnes lisses aux chapiteaux corinthiens, ce qui contraste avec la façade plus moderne du Théâtre Louis Guilloux  (« La Passerelle ») qui lui est accolée.

-          De l’autre côté de la place, l’Hôtel des Postes, un imposant bâtiment construit en 1909 d'après les plans de l'architecte Paul Bourgin. Le fronton est du sculpteur Élie Le Goff père, avec des sculptures représentant le télégraphe à gauche et le téléphone à droite.

-          Un immeuble de 1830, 3 rue du Général Leclerc,  orné de mosaïques très colorées de l’atelier rennais Odorico, qui  témoignent d'un goût pour la polychromie et fragmentation proches des recherches stylistiques de l'Art déco.

-          Un ancien grand magasin de 1935, au début de la rue St Benoit, et dessiné par Jean Fauny. qui a utilisé une structure béton, se caractérisant par le style "paquebot" aux formes épurées sur enduit blanc. Les grandes lettres de "La Quincaillerie bretonne", premier occupant du bâtiment, se devinent toujours au-dessus de l'entrée.

-          Nous n’irons pas jusqu’au Lycée Renan(1934) qui révèle le savoir faire de l'architecte guingampais Georges-Robert Lefort, maître du béton et connaisseur de l'avant-garde des Arts bretons.

-          On traversera ensuite le Parc des Promenades, découvrant quelques sculptures d’artistes locaux, dont celle de Paul Le Goff, « la forme se dégageant de la matière », ou « la Bretonne du Goélo » de Francis Renaud, et longeant le Palais de Justice dessiné par Alphonse Guépin (1863), nous rejoignons le Pont d’Armor.

-          Nous longeons ensuite le bâtiment épuré de l’ancienne gare du petit train départemental (1905) conçue par Harel de la Noë, et, avant de rejoindre la place Duguesclin, nous découvrons les façades Art Déco d’immeubles d’habitation de  l’ilot Pierre Loti, sobrement décorées de quelques mosaïques et des avancées en béton décoratif ou une porte d’immeuble art déco en fer forgé.

-          La Place Du Guesclin est bordée d’immeubles historiques dont, vers la rue St Guillaume, l’ancien magasin “le Grand Bazar” (1912) et sa façade en enduit blanc, premier grand magasin moderne du département ouvert de 1913 à 1999. .Cette place a retrouvé récemment son aspect de l’entre-deux-guerres, mais les grands hôtels qui la bordaient, l’Hôtel du Commerce et l’Hôtel d’Angleterre, sont devenus des immeubles d’appartements privés.

-          Près de la Gare routière, rue du Combat des Trentes, un immeuble  a été construit par Jean Fauny  en 1929, mixant maison d’habitation  et cinéma de Paul Lavollée, qui deviendra « Le Royal ». L’architecte avait choisi le béton recouvert de granit pour cette salle de divertissement qui pouvait accueillir 1000 spectateurs entre la salle et le balcon.

-          Dernière étape de ce circuit de découverte, la maison Chaffoteaux , Bd Clémenceau, construite également par l’architecte Jean Fauny en 1929 pour l’un des frères de cette famille d’industriels qui ont beaucoup comptés à St Brieuc. Une résidence proche de l’avant-garde et du mouvement moderne : le toit plat terrasse, les arrondis de la façade, la sobriété de la décoration et les lignes gracieuses renvoient à l’esthétique Art déco. Aussi influencé par l’architecture industrielle et par la ligne des bateaux transatlantiques en vogue à cette époque, l’architecte utilise ici un style moderne appelé «paquebot» qui s’inspirait de l’architecture balnéaire (hublots, toits terrasse...).

Cf le site https://www.baiedesaintbrieuc.com/saint-brieuc/

 

C’était la fin de notre itinéraire de découverte du matin, et nous avons rejoint avec plaisir la chaleur du restaurant « La Taverne » pour notre repas de midi.

Notre après-midi était consacré à la visite de l’ancien Grand Séminaire de Cesson, devenu après transformation (2013-2017), la Maison Saint-Yves, pour accueillir la maison épiscopale  de St Brieuc-Tréguier.

 Sans remonter au premier séminaire diocésain, « la Grande Grenouillère », ouvert rue Jouallan en 1667, on peut évoquer la construction d’un nouveau Grand Séminaire commencé en 1842, à l’angle de la rue de la Gare et du Bd Charner. La loi de 1905 permit aux autorités du moment de réquisitionner les lieux et d’expulser dès 1907 les futurs prêtres et leurs formateurs, puis de confier les bâtiments à l’autorité militaire qui en fera la caserne Guébriant.   Les séminaristes seront alors répartis dans différents bâtiments disponibles, rendant les échanges difficiles sans freiner toutefois la formation de futurs prêtres que demandait le diocèse à l’époque.

 Et en 1923, il est décidé par l’évêque du moment, Mgr Serrand, de confier l’édification d’un nouveau séminaire après concours, à l’architecte Georges-Robert Le Fort sur un vaste terrain à Cesson, déjà propriété du Diocèse. Le 17 août 1925, a lieu la bénédiction de la première pierre du Grand Séminaire, dédié à saint Yves. La construction  s’achève en 1927 pour le séminaire et en 1929 pour la chapelle.  

Le plan du Grand Séminaire s’’inspire des plans monastiques cisterciens par sa sobriété, avec l’utilisation mixte du béton et de la pierre de taille. À l’inverse, le style de la décoration de la chapelle se caractérise par un éclectisme puisant son inspiration dans l’Art déco, le néo-classiscime mais aussi l’art régionaliste breton. De même le clocher en béton ajouré s’inspire des monuments de béton armé dressés vers le ciel.

 A partir de 1970, avec la baisse des vocations, le grand séminaire St Yves de St Brieuc se regroupe avec celui de Rennes, et l’édifice devient la Maison St Yves accueillant des services du diocèse et un internat du Lycée du Sacré-Cœur tout proche.

 Mais sous l’impulsion de l’évêque actuel, Mgr Moutel, il est décidé en 2013 d’un regroupement des services du diocèse à la maison St Yves, après une réhabilitation complète de cet ancien séminaire, sous la direction de l’architecte Bertrand Aubry à qui l’on demande de rendre l’ensemble fonctionnel tout en respectant l’authenticité de cet ensemble religieux. Cette rénovation sera achevé en 2017.

 Mme Cherdo, notre guide du jour, nous attend en début d’après-midi à l’entrée de la Maison St Yves pour la visite commentée. On retiendra notamment l’ensemble sculptural en bois à l’extérieur de l’accueil, fait de poutres dressées encadrant une croix monumentale et s’inclinant de plus en plus, comme une invite à l’entrée du visiteur.

-          Le hall d’accueil lui-même, moderne et lumineux, est un espace d’information et de documentation.

-          Il mène au cloître entouré des bâtiments de l’ancien séminaire et rénové pour plus d’accessibilité et de confort. Son centre est paysagé avec sobriété et accueille quelque statues, dont celle de St Yves.

-          En longeant le côté Est du cloître on découvre l’immense fresque en deux parties de Xavier de Langlais, représentant l’arrivée de St Brieuc au Légué et la présentation de Marie au temple.

-          La partie Nord du cloître nous amène au joyau que constituent la chapelle Art déco, un magnifique ensemble d’une belle hauteur, lumineux, avec une lourde grille d’entrée en fer forgé, des carrelages noir et blanc (le « Gwen a Du » breton), des bancs de bois vernis qui se font face, et là encore, la décoration du mosaïste Isidore Odorico pour les chapiteaux, l’autel majeur et les autels secondaires du narthex ;

-          et sous cette belle chapelle, la crypte, chapelle plus intimiste où l’on retrouve une fresque murale de Xavier de Langlais, illustrant un épisode de la Passion : le Christ portant sa croix. Le crypte donne sur le grand escalier qui menait de l’entrée Nord (aujourd’hui condamnée) au cloitre.

-          Nous avons été invités, pour terminer la visite, à découvrir la Médiathèque et l’exposition temporaire du moment sur des ex-voto très naïfs en provenance du Brésil, qui rendent grâce pour des membres malades ou blessés, avec des mains et des pieds sculptées dans un bois exotique