La vigne et le vin: des origines à 2100 par Francis Grousset
Les premières traces de feuilles de vigne sont datées de 60 millions d’années. Les premières
découvertes de pépins datent de 400.000 ans. Les premières traces de vin apparaissent il y a 8.500 ans
en Iran. La viti-vini-culture s’est alors répandue autour de la Méditerranée, grâce aux pharaons, puis
aux grecs, aux romains et enfin aux gaulois. Durant la période historique, ont alterné des périodes climatiques chaudes (favorables à la viti-viniculture) et des périodes plus froides et humides (défavo-rables à cette culture). On ne savait alors pas conserver le vin et sa qualité était assez médiocre. Il fal-lait le couper d’eau, y ajouter du miel, des épices… Heureusement, le clergé a toujours eu besoin de vin de messe et ce sont les moines qui ont pérennisé la viti-vini-culture jusqu’à nos jours, en Europe. Durant les derniers siècles, elle s’est propagée vers les Amériques, la Chine, l’Australie, l’Afrique du Sud, rencontrant des contextes climatiques plus ou moins favorables.
Depuis 150 ans, la planète subit un changement climatique induit par l’action de l’homme. Ce bouleversement (réchauffement, redistribution géographique des précipitations, etc…) affecte tous les écosystèmes, et entre autres les vignobles. Il a un impact clair sur la qualité des vins. Parallèlement, la mondialisation a eu tendance à uniformiser les techniques, les pratiques viti-vinicoles et la qualité des vins, mais heureusement la typicité des terroirs persiste encore.
Enfin, un ultime regard vers le futur (utilisant les projections des modèles climatiques du GIEC) nous permet d’imaginer le devenir probable de la vigne et du vin d’ici la fin du siècle. Si nous poursuivons nos émissions effrénées de gaz à effet de serre (GES) engagées depuis la révolution in-dustrielle (≈1850), alors la machine climatique va continuer à s’emballer, et les aires viti-vinicoles vont progressivement migrer vers les pôles, le degré des vins va continuer à s’accroître (on atteint 15,5° dans certains terroirs !). Les experts travaillent à corriger ces effets (nouveaux cépages, planta-tions aux hautes latitudes ou carrément en altitude, modifications des levures, désalcoolisation, etc...). Mais il serait encore préférable d’arriver à interrompre cette dérive climatique, ce qui impose que d’ici 2030 nous arrivions à diviser par deux nos émissions de GES en combinant l’abandon progressif du trio délétère pétrole-gaz-charbon et un retour vers des pratiques industrielles et agricoles plus sobres.
Après avoir suivi un cursus Sciences de la Terre à l’université de Bordeaux, Francis Grousset a obtenu successivement un doctorat de 3ème cycle en géologie, puis un doctorat ès sciences en océanographie.
En 1978, FG a intégré le CNRS, dans l’équipe Paléoclimats du laboratoire EPOC (Univ. de Bordeaux) ; il a aussi travaillé deux ans à l’Université de Columbia (New-York), et deux ans au CNES (Toulouse). Devenu directeur de recherche CNRS en 1992, il a alors dirigé l’équipe Paléoclimats du laboratoire EPOC. FG a ensuite exercé plusieurs fonctions à une niveau national : élu président de la “section Océan-Atmosphère“ du comité national CNRS, puis nommé “chargé de mission Océan-Atmosphère“ à l’Institut National des Sciences de l’Univers (CNRS) et enfin nommé directeur de l’Observatoire Aquitain des Sciences de l’Univers. Durant toutes ces années, FG a encadré une dizaine de doctorants, parcouru les océans lors de quatorze missions océanographiques, et publié une centaine d’articles scientifiques dans des revues internationales.
A la retraite depuis 2013, FG s’efforce de vulgariser l’état de la connaissance scientifique sur le changement climatique en cours, au travers de conférences grand-public, de cours dans les Universités du Temps Libre, d’ouvrages de vulgarisation, etc...